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Un engouement pour la fusion nucléaire

Plusieurs initiatives sont en cours dans le monde

juillet 10, 2023
par Pierre Deschamps


Crédit photo : ITER

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a entraîné une hausse vertigineuse des prix de l’énergie en Europe, notamment ceux du gaz et de l’électricité. À certains moments donnés, la situation était tellement tendue que des centrales au charbon ont été réactivées, alors que des discussions s’ouvraient dans certains pays de l’Union européenne pour reporter la fermeture programmée depuis longtemps de certaines centrales nucléaires.

Puis le temps passant, l’effet des mesures prises par les différents gouvernements du Vieux-Continent pour remplacer le gaz russe dans leur bouquet énergétique a finalement donnée des résultats positifs.

Une fois la crise passée, les autorités européennes ont néanmoins poursuivi leur réflexion en vue de limiter à l’avenir la survenue d’une telle situation. C’est dans ce contexte qu’est revenue au premier plan l’énergie nucléaire, mais cette fois celle que l’on appelle fusion nucléaire.

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Comme l’explique l’Agence internationale de l’énergie atomique : « Il y a cinq cents ans, dans l’actuel Mexique, les Aztèques croyaient que le soleil tirait toute sa puissance du sang des sacrifices humains. Nous savons aujourd’hui que le soleil, comme les autres étoiles, produit de l’énergie grâce à une réaction appelée fusion nucléaire. Si cette réaction pouvait être reproduite sur terre, elle permettrait de produire une énergie pratiquement illimitée, propre, sûre et à un coût abordable pour répondre aux besoins en énergie de toute la planète. »

Déjà les investissements dans la fusion nucléaire sont de plus en plus conséquents. Selon le journal “Le Monde” du 13 juin dernier : « Ce sont 4,8 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) qui ont été investis sur le sujet dans le monde en 2021. Une trentaine de start-up y travaillent, dont les deux tiers se trouvent aux Etats-Unis. L’Allemagne, qui s’estime bien placée sur le sujet, a décidé de jouer ses atouts dans la course [envisageant] d’exploiter une usine pilote d’ici à 2045. »

Par ailleurs « depuis plus de 40 ans, les États-Unis et le Japon collaborent à des projets scientifiques conjoints qui tentent de déterminer les meilleurs matériaux pour les futures machines à énergie de fusion par confinement magnétique, les centrales électriques basées sur des concepts de tokamak ou de stellarator ».

Au cœur de cette recherche commune se trouve le Oak Ridge National Laboratory, situé dans la veille de même nom au Tennessee. Des chercheurs de ce laboratoire, associés à ceux du Princeton Plasma Physics Laboratory, du Tokamak Energy Ltd (Royaume Uni) et de l’Institut de recherche sur l’énergie et le climat en Allemagne, ont récemment annoncé que leurs travaux leur ont permis de chauffer des ions à une température de 100 millions de degrés Celsius, soit un seuil qui permet la production d’énergie.

Dans le lot des annonces relatives à des initiatives visant la fusion nucléaire, la plus surprenante est certainement celle que rapporte la Revue Générale Nucléaire qui fait état du fait que : « Dès 2028, le géant mondial Microsoft entend utiliser de l’électricité issue de la fusion nucléaire. Pour cela, elle mise sur une entreprise américaine Helion qui promet de prouver sa capacité à produire de l’électricité dès 2024. »

Qui plus est, Bill Gates, par la voix de Phil Larochelle, expert de Breakthrough Energy Ventures (BEV), une initiative lancée par le fondateur de Microsoft, s’est fait le promoteur de solutions énergétiques durables. En juin dernier, cet expert a réitéré les intentions de Gates en ouverture de la conférence annuelle de l’Edison Electric Institute qui s’est tenue à Austin, au Texas.

Même la Chine se positionne sur ce créneau comme le montre l’entente Tunisie-Chine: une convention de coopération pour la fusion nucléaire et l’énergie propre signée en juin dernier entre la Tunisie et la Chine, laquelle vise l’installation d’un premier laboratoire de la physique des plasmas à l’École nationale d’ingénieurs de Tunis. De plus, tout récemment, la Chine a offert une machine expérimentale Tokamak I à la Thaïlande pour que ce pays puisse se lancer dans la technologie de la fusion nucléaire.

On ne peut toutefois parler de fusion nucléaire sans évoquer le nom ITER, un consortium international qui explique ainsi son activité actuelle : « Aujourd’hui, des milliers de personnes collaborent sur le site ITER à Saint Paul-lez-Durance, en France, ainsi qu’en Chine, dans l’Union européenne, en Inde, au Japon, en Corée, en Russie et aux États-Unis pour construire l’ITER Tokamak, l’expérience de fusion par confinement magnétique tokamak la plus avancée au monde.»

Lors de la 32e réunion de son Conseil, Pietro Barabaschi, directeur général d’ITER, a en outre souligné « que la fabrication et la livraison des pièces, ainsi que l’installation des systèmes et leur mise en service, se sont poursuivies à une rythme soutenu », sans toutefois que soit dévoilée une date de fin des travaux.

Bien que de nombreuses recherches soient en cours et que les investissements se fassent de plus en plus nombreux et importants, ce n’est toutefois pas avant 2060-2070, disent les observateurs les plus optimistes, que l’on pourrait envisager une production conséquente d’énergie à partir de la fusion nucléaire.
https://www.iaea.org/fr
https://www.sfen.org
https://www.iter.org
https://www.pppl.gov
https://www.ornl.gov


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