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L’avenir du ciment sera vert

La réduction de son empreinte carbone est incontournable.

janvier 15, 2024
par Pierre Deschamps


(Crédit photo : Lafarge Canada)

Le ciment est partout dans notre environnement. Dans les travaux de génie, il sert à réaliser des barrages, quais dans les ports, des piles de pont au-dessus des cours d’eau ou des travées pour les passages à niveau.

On le retrouve aussi dans la structure des bâtiments, comme revêtement d’autoroutes, dans les fondations de nos maisons, les parois de nos piscines creusées, les comptoirs de nos cuisines et les planchers des loft des centres-villes. Quand ce n’est pas pour des dallages ou comme enduits et mortiers. Ou même des sculptures d’un certain Pablo Picasso.

La production de ciment pour tous ces usages en font un important émetteur de gaz à effets de serre (GES). En fait, les émissions du secteur pèse pour environ 7 % des GES dans le monde, alors que parmi les émissions industrielles mondiales, le ciment représentait environ 26 % en 2019.

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Soucieux de réduire leur empreinte environnementales, les cimentiers se sont lancés depuis un certain temps dans des projets de réduction d’émissions deCO2. Pour produire ce que l’on désigne sous le vocable de « ciment vert ».

Un cimentier qui innove durablement
Ainsi, Lafarge Canada annonçait fièrement que son usine de béton prêt à l’emploi située à Kingston « a produit et livré pour la première fois le premier béton ECOPact Zero dans l’Est du Canada en utilisant du ciment ECOPlanet dans le mélange. Dans le cadre du projet « Houses of Tomorrow » d’Holcim visant à fournir des matériaux à base de ciment innovants à empreinte carbone proche de zéro dans le monde entier, il s’agit de la prochaine étape dans notre volonté de démontrer notre savoir-faire en développement dans la construction durable dans le monde entier ».

La famille de produits ECOPact a été développée « pour permettre d’utiliser des matériaux durables pour toutes les applications de construction – des systèmes de fondation aux éléments structurels et entre les deux. Les bétons ECOPact répondent aux spécifications des normes CSA et ASTM pour le béton (25-50MPa) ».

En décembre 2022 cette fois, Lafarge Canada annonçait la conversion complète de sa production de ciment de la cimenterie de Brookfield en Nouvelle-Écosse en un portefeuille plus vert.

« Dorénavant, le site ne produira plus du ciment à usage général (GU) et passera au ciment portland (ce dernier comporte moins de carbone) – commercialisé sous le nom de OneCem, l’alternative écologique de la compagnie. Brookfield est la troisième cimenterie de Lafarge à être convertie en 2022 et la première usine de l’Atlantic Market à être convertie; Les autres étant la cimenterie de Bath (en Ontario) en juin et la cimenterie de Richmond (Colombie-Britannique), en mars. OneCem est un produit fiable qui émet jusqu’à 10 % moins de CO2, tout en offrant la même performance et durabilité ».

La feuille de route canadienne
Mentionnons par ailleurs que le Canada s’est donné l’an dernier une « Feuille de route vers un béton à zéro émission carbone », publiée par Innovation, Sciences et Développement économique Canada ( ISDE ).

Fruit d’une démarche initiée par un groupe de travail conjoint, l’exercice a été codirigé par l’Association canadienne du ciment et ISDE. Comme on le souligne dans de document, « ce groupe de travail était composé d’acteurs clés des ministères du gouvernement fédéral, de représentants de l’industrie canadienne du ciment et du béton et d’organisations environnementales ».

Comment réduire l’empreinte carbone
Comme le souligne Techteam, un cabinet conseil en performance industrielle et technologie, pour réduire l’empreinte carbone du ciment et en limiter les émissions de GES on peut notamment « diminuer la part de calcaire [dans le ciment] en la remplaçant par d’autres composants qui n’émettent pas de CO2. Par exemple, avec des sables de fonderie (déjà été chauffé il n’émettra donc plus de GES) ou des déchets de déconstruction qui ont été broyés pour en faire des granulés qu’on peut réutiliser ».

Le prix à payer
Cette avenue est somme toute assez simple et devrait servir le référentiel. Car au dire du Réseau Action Ciment, qui fédère en France les associations engagées dans la lutte contre le dérèglement climatique et pour une transition écologique, solidaire et équitable, bien que : « L’industrie du ciment projette une décarbonation ambitieuse. En pratique, le timing est serré, les potentiels leviers montrent leurs limites, dont une constante : leur coût élevé. L’État doit aider l’industrie, en favorisant l’économie circulaire et les solutions bas-carbone plutôt que des paris technologiques risqués et couteux ».

Tout n’est pas si simple
Or, selon le cabinet conseil McKinsey, connu mondialement pour ses missions auprès tant des industriels que des gouvernements de partout sur la planète, « le ciment est particulièrement difficile à décarboner, car il libère directement du CO2 dans les processus chimiques pendant sa production.

De nouvelles solutions de décarbonisation sont en train d’émerger, allant de nouvelles applications de la capture, de l’utilisation et du stockage du carbone dans la production de clinker aux matériaux innovants et à d’autres solutions cimentées. Cependant, ces solutions modifieront considérablement la valeur au sein de l’industrie. Au fur et à mesure que de nouveaux modèles commerciaux émergent, les acteurs et les fournisseurs de différentes solutions devraient rivaliser pour préserver leur part de marché ».

Une collaboration étendue
Cela dit, ajoute le cabinet : « Au fur et à mesure que les producteurs cimentaires naviguent dans la transition des matériaux, d’autres acteurs avant-gardistes seront en mesure de trouver des opportunités d’affaires pour les soutenir.

Ces fournisseurs de solutions pourraient offrir un clinker à faible émission de carbone, des charges et des mélanges de ciment spéciaux, ce qui sera essentiel pour les producteurs de ciment à faible émission de carbone réaménagés.

Ces offres pourraient réduire le coût de la décarbonisation du côté de la fabrication du ciment et du béton tout en permettant des performances maximales des matériaux et la plus faible empreinte CO2 possible. »

Des atouts de premier ordre
Partout sur le planète, les cimentiers sont engagés dans une réduction de leur empreinte carbone. Au final, certains, faute de capitaux, d’esprit innovateur, de volonté de changement, devront réduire leurs activités ou les abandonnées.

Dans ce contexte, la conclusion de la « Feuille de route vers un béton à zéro émission carbone »,, publiée par ISDE , établit fort bien l’avenir des cimentiers canadiens : « Le Canada dispose des outils et des conditions nécessaires pour devenir un producteur et un exportateur de premier plan de produits et de systèmes de ciment et de béton à faible émission de carbone, ainsi que de technologies et de services propres connexes, grâce à son environnement réglementaire moderne, à ses avantages en matière d’électricité propre et à sa série d’innovations commerciales à faible émission de carbone.

En fin de compte, l’adoption accrue du ciment et du béton à faible teneur en carbone renforcera l’engagement du gouvernement du Canada en faveur d’une croissance propre et entraînera des avantages pour tous les Canadiens sur le plan financier, environnemental et de la santé ».
https://www.lafarge.ca/fr
https://ised-isde.canada.ca/site/isde/fr
https://www.fr-techteam.com
https://reseauactionclimat.org
https://www.mckinsey.com


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