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De l’acier moins émetteur de CO2

Quand les carrossiers se verdissent

février 12, 2024
par Pierre Deschamps


(Crédit photo : Porsche)

L’évolution du climat et ses effets sur l’environnement et nos modes de vie conduit de plus en plus de secteurs industriels à modifier leurs pratiques de manière à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES).

Prenons par exemple le secteur de la production de l’acier – l’alliage métallique sans doute le plus utilisé dans le monde – qui contribue, avec des émissions de dioxyde de carbone (CO2), à plus de 7 % du total mondial.

Cette prise de conscience est toutefois déjà ancienne puisque déjà en 2008 l’Institut canadien de la tôle d’acier pour le bâtiment mentionnait dans son bulletin “Info Environnementale” que : « : Bien que toutes les industries du pays réexaminent leur empreinte environnementale, l’industrie sidérurgique canadienne réalise d’importants progrès en fabriquant des produits plus verts pour les utilisateurs finaux, tout en faisant le ménage dans ses propres méthodes manufacturières.»

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Plus récemment, dans un mémoire déposé en mai dernier dans le cadre des consultations sur le Développement harmonieux de l’activité minière, Minerai de fer Québec (MFQ), une filiale de Champion Iron, soulignait que « avec ses produits de fer de haute pureté et ses différents projets de croissance, [elle] souhaite contribuer à faire du Québec un leader dans la chaîne d’approvisionnement de l’acier vert ».

La Phase II d’expansion du site minier du Lac Bloom, qui a doublé la capacité de production de concentré de fer de haute pureté de MFQ, a été mise en service le 3 mai 2022. Cette expansion permet à MFQ de contribuer davantage à la réduction des émissions de GES de l’industrie sidérurgique mondiale. En effet,

Comme mentionné dans ce mémoire, « le minerai de fer de haute pureté, tel que produit à la mine du Lac Bloom [propriété de MFQ], à une capacité annuelle de production de 15 millions de tonnes par année, réduit les émissions de GES de la production d’acier d’un niveau équivalent au retrait de près de 500 000 voitures des routes chaque année ».

À la suite de la mise en service en 2022 de la Phase II d’expansion de ce site minier, MFQ évalue que sa « production pourrait éventuellement réduire les émissions de l’industrie sidérurgique d’environ 9,7 Mt de CO2 équivalent par année [ce qui] représenterait l’équivalent d’une réduction de 43 % des émissions annuelles de GES du parc automobile du Québec. Peu de projets industriels au Québec auront autant d’impact sur les émissions mondiales de carbone », note-t-on dans ce mémoire.

Parlant d’automobile, on observe que ce secteur d’activité lorgne du côté des producteurs d’acier vert.

Ainsi Mercedes-Benz et le groupe suédois H2 Green Steel ont annoncé récemment avoir signé un accord en vertu duquel ce dernier fournira « 50.000 tonnes d’acier décarboné par an à horizon 2025 ». Ce qui permettra à ce constructeur automobile de produire quelque 55 000 voitures avec de l’acier faiblement émetteur de CO2. Pour ce faire, H2 Green Steel compte « utiliser de l’hydrogène de source renouvelable pour produire de l’acier ».

Mercedes-Benz n’est pas le seul constructeur automobile qui s’approvisionnera auprès de H2 Green Steel puisque dès 2026, Porsche (propriété du groupe Volkswagen) sera approvisionné en acier à émissions quasi nulles de H2 Green Steel.

Comme l’explique Barbara Frenkel, membre du conseil d’administration des achats chez Porsche, ce fabricant « s’efforce d’atteindre un bilan neutre en carbone tout au long de la chaîne de valeur de ses voitures d’ici 2030. L’acier à réduction de CO2 joue un rôle clé dans notre stratégie de développement durable. Avec l’acier de H2 Green Steel, nous visons à réduire davantage les émissions de CO2 causées par ce matériau important ». 

Mais il n’y a pas que l’automobile qui lorgne l’acier vert pour ses ateliers de tôlerie. En effet, le constructeur suédois de camions Scania compte lui aussi recourir à de utilisera l’acier sans émissions de carbone dans ses véhicules lourds. À cette fin, il annonce avoir signé récemment une lettre d’intention avec le fabricant de métaux suédois SSAB pour des livraisons d’acier vert qui commenceront dès 2026.

« L’objectif de Scania est de conduire le changement vers un système de transport durable », a déclaré le PDG Christian Levin dans un communiqué, ajoutant que le constructeur de camions prenait des mesures dans l’ensemble de sa chaîne de valeur pour réduire les émissions.»

Rappelons qu’en 2022, Ford annonçait la signature de protocoles d’accord avec Tata Steel Nederland, Salzgitter Flachstahl et ThyssenKrupp Steel Europe pour assurer s’approvisionner en acier à faible teneur en carbone destiné à ses prochaines générations de véhicules.

À la même époque, Volkswagen et Salzgitter signait un protocole d’accord portant sur la fourniture d’acier à faibles émissions de CO2 compter de 2025. Ce partenariat comporterait aussi des dispositions qui portent sur un système de recyclage de l’acier.

En 2022, BMW s’est aussi entendue avec Salzgitter pour que ce dernier lui fournisse de quoi répondre à 40 % des besoins en acier vert de ses usines européennes d’ici 2030. 

Rien d’étonnant alors que cet engouement suscite d’importants investissements dans des aciéries vertes. Ainsi H2 Green Steel consacrera six milliards d’euros à la construction d’une usine de fabrication acier vert en Suède. Pour sa part, ArcelorMittal a misé quelques dizaines de millions de dollars dans Boston Metal.

On comprend dès lors mieux tout le sens à donner à la déclaration d’Irina Gorbounova, vice-présidente Acquisitions, d’ArcelorMittal : « fabriquer de l’acier sans émissions de gaz à effet de serre est non seulement une responsabilité, mais aussi une nécessité commerciale ».
https://www.futura-sciences.com
https://www.zonebourse.com
https://www.lefigaro.fr
https://siecledigital.fr
https://www.canarymedia.com
https://www.reuters.com/


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