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Une propulsion synthétique

L’essor des combustibles de synthèse.

août 11, 2023
par Pierre Deschamps


Crédit photo : Ineratec

La crise climatique engendrée par les émissions de CO2 issues de l’utilisation des combustibles fossiles dans toute une variété d’applications donne lieu à des projets souvent fort ambitieux pour trouver un substitut au pétrole dans les transports terrestre, aérien, ferroviaire et maritime.

Cette embellie n’est pas sans soulever certains enjeux. Ainsi sur le site Sud-Ouest, on peut lire sous la plume du journaliste Pascal Rabiller cette réserve fort pertinente : « Reste que le biocarburant est pour le moment trois à huit fois plus cher que le kérosène.

Son utilisation, de fait, reste marginale. L’éventuelle production de masse qui pourrait permettre une baisse de prix se heurte à un problème de poids : il n’y a pas assez de matières premières pour alimenter une aviation mondiale en plein développement. »

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Au début du mois, la start-up allemande Ineratec a annoncé le démarrage dès l’an prochain de « la toute première usine de production commerciale [qui] recyclera jusqu’à 8,000 tonnes métriques de CO2 par an – à peu près la même quantité que 750,000 arbres stockent chaque année. Cela peut être utilisé pour produire jusqu’à 3,5 millions de litres (2 500 tonnes métriques) de carburant synthétique ».

Déjà en juillet, Ineratec avait rendu public une collaboration public-privé avec la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH pour promouvoir la production de carburants électroniques au Chili, ceux-ci principalement destinés à l’aviation.

Comme le souligne l’entreprise « dans le cadre du programme International Hydrogen Ramp-Up (H2Uppp), financé par le ministère fédéral allemand des Affaires économiques et de l’Action pour le climat (BMWK), les partenaires ont l’intention de démontrer une solution techniquement faisable et commercialement viable pour l’application d’une usine Power-to-Liquid (PtL) » qui produira des carburants électroniques à partir d’hydrogène vert.

Comme le rapporte pour sa part l’AFP, des acteurs de la filière carburants ont créé le Bureau français des e-fuels, dont le mandat est de promouvoir une « filière française d’e-fuels, vertueuse, compétitive et durable » destinée à encourager les projets de ce type et à réunir experts, universitaires, industriels et financiers sur le sujet.

Notons par ailleurs que, selon une étude réalisée par le cabinet Sia Partners, la France compte pour l’heure 24 projets de production de carburants de synthèse, représentant un investissement de 3,6 milliards d’euros et une capacité de production équivalente à 528,000 tonnes de pétrole (tep), principalement pour du kérosène et du méthanol de synthèse.

« Leur production nécessitera le captage de 1,7 million de tonnes de CO2 par an et 14 TWh d’électricité, soit l’équivalent de 3 % de l’ensemble de la production électrique française en 2022 », selon une dépêche de l’AFP.

L’an dernier, le site Vroom faisait état de l’intention de Hyundai Motor Group, la société mère de Hyundai et Kia, de se lancer dans la production de carburant synthétique. À cette fin, cette société coréenne s’est associée au producteur de pétrole saoudien Aramco et la King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) d’Arabie saoudite.

Par ailleurs, selon le site BFMTV, le groupe automobile Stellantis (14 marques, dont Peugeot, Fiat, Citroën, Opel, Jeep, DS…) « a réalisé des tests concluants sur la compatibilité de ses moteurs thermiques actuels avec les e-fuels, ces carburants de synthèse qui pourraient permettre aux constructeurs de vendre encore des voitures thermiques après 2035 en Europe ».

Au dire de Carlos Tavares, le patron de Stellantis, « nous avons déjà vérifié que nos moteurs sont compatibles avec ces carburants-là, donc tous ceux qui achètent aujourd’hui une voiture des marques de Stellantis peuvent être rassurés sur le fait que les moteurs de ces voitures seront compatibles avec ces carburants ».

Au total, ce serait « 28 millions de voitures des marques que possède Stellantis qui pourraient rouler avec des e-carburants, selon le constructeur. De quoi potentiellement réduire de 400 millions de tonnes les émissions de CO2 en Europe entre 2025 et 2050 ».

En outre, comme le rapportait l’an dernier le constructeur allemand, Porsche et Siemens Energy « se sont associés à un certain nombre d’entreprises internationales pour construire une usine destinée à la production de carburant quasiment neutre en CO2 (eFuel) à Punta Arenas, au Chili.

L’usine pilote […] devrait produire environ 130 000 litres d’eFuels en 2022. La capacité sera ensuite augmentée en deux étapes pour atteindre environ 55 millions de litres en 2024 et environ 550 millions de litres en 2026 ». Cette usine a par ailleurs été officiellement inaugurée en décembre dernier.

En avril dernier, HIF Global, un leader mondial des carburants électroniques, recevait l’autorisation de la Texas Commission on Environmental Quality (TCEQ) pour la construction la construction et l’exploitation de l’installation HIF Matagorda eFuels dans le comté de Matagorda, au Texas.

Au dire de HIF Global, lorsqu’elle sera opérationnelle, l’installation HIF Matagorda eFuels produira du carburant et de l’essence neutres en carbone qui pourront alimenter les véhicules utilisés aujourd’hui sans aucune modification des moteurs existants ou de l’infrastructure dont ils dépendent.

« Au Texas, nous amenons eFuels à un niveau supérieur d’échelle commerciale, et nous sommes maintenant autorisés à construire la plus grande installation eFuels au monde, pour produire environ 200 millions de gallons par an de carburant et d’essence électronique, l’équivalent de la décarbonisation de plus de 400 000 voitures sur la route aujourd’hui », a souligné Meg Gentle, directrice exécutive du conseil d’administration de HIF Global.

En mai dernier, c’était au tour du fournisseur d’électrocarburants Infinium et la société de gestion du carbone Navigator CO2 de conclure « un protocole d’entente et une relation à long terme pour que Navigator livre 600 000 tonnes par an (TPA) de dioxyde de carbone (CO2) biogénique de son système Heartland Greenway à une future installation Infinium pour la production d’électrocarburants ».

Force est donc de constater que les initiatives et les investissements dans les carburants de synthèse sont nombreux et diversifiés. On devrait d’ailleurs assister dans un proche avenir à d’autres annonces ainsi qu’à des programmes d’essai, un peu à l’image d’Airbus qui a l’ambition « de développer le premier avion commercial à hydrogène au monde d’ici 2035.

Notre projet de recherche et développement ZEROe nous permet d’explorer une variété de configurations et d’options technologiques qui façonneront le développement de nos futurs avions à hydrogène ».
https://www.sudouest.fr
https://www.ineratec.de/en
https://www.afp.com/fr
https://www.sia-partners.com/fr
https://www.vroom.be/fr/
https://www.bfmtv.com
https://www.porsche.com/germany/
https://hifglobal.com
https://www.infiniumco.com


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