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Une industrie en pleine expansion

Des dépenses en hausse dans de nombreux pays

janvier 15, 2023
par Pierre Deschamps


(Photo credit : Northrop Grumman)

La guerre en Ukraine s’intensifiant, les États solidaires de Kiev annoncent sans cesse une augmentation de leurs contributions financières, le plus souvent sous forme d’équipements militaires. Cela, en prenant à même leurs réserves chars, canons, munitions, systèmes de missiles et de défense.

On peut imaginer facilement que ce soutien au président Volodymyr Zelensky fera bondir les statistiques relatives aux dépenses militaires dans le monde. Sans que les données soient tout à fait complètes, on estime que, « en 2022, les dépenses militaires des 15 pays ayant les dépenses les plus élevées [s’élèveraient] à quelque 1,717 milliards de dollars américains », selon le site Statista.

Au regard de celles du 2021, on observe que les dépenses militaires des États-Unis sont les plus élevées de toutes, représentant à elles seules 38 % du total mondial. Suivent loin derrière la Chine (14 %), l’Inde (3,6 %), le Royaume-Uni (3,2 %), la Russie ()3,1 %, les dépenses militaires du Canada représentant 1,3 % du total mondial.

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En 2021 toujours, le total des dépenses militaires mondiales a augmenté de 0,7 % en termes réels, pour atteindre 2 113 milliards de dollars. Les cinq plus grands États en matière de dépenses militaires en 2021 – États-Unis, Chine, Inde, Royaume-Uni et Russie – concentrent 62 % des dépenses militaires mondiales, selon les données sur les dépenses militaires mondiales publiées par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

« En pleine pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont atteint des niveaux records, explique Dr Diego Lopes da Silva, chercheur principal au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. En termes réels, il y a eu un ralentissement du taux de croissance en raison de l’inflation. Cependant, en valeurs nominales, les dépenses militaires ont augmenté de 6,1 % ».

À la suite de la forte reprise économique en 2021, le fardeau militaire mondial – dépenses militaires mondiales en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) mondial – a diminué de 0,1 point de pourcentage, passant de 2,3 % en 2020 à 2,2 % en 2021, précise le SIPRI.

« L’augmentation des dépenses de R&D au cours de la décennie 2012-21 laisse penser que les États-Unis mettent davantage l’accent sur les technologies de nouvelle génération, précise Alexandra Marksteiner, chercheuse au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. Le gouvernement américain a souligné à plusieurs reprises la nécessité de préserver l’avantage technologique de l’armée américaine sur ses concurrents stratégiques. »

En fait, le financement américain pour la recherche et le développement (R&D) militaires a augmenté́ de 24 % entre 2012 et 2021, tandis que celui consacré à l’achat d’armements a chuté́ de 6,4 % au cours de la même période, souligne l’Institut.

Selon le site IRIS, « l’Europe est la seule région du monde à dépenser moins aujourd’hui (un tiers de moins même en incluant la Russie) qu’à la fin des années 1980, à la suite à de fortes baisses des budgets militaires dans les années 1990, puis après la crise de 2008. Ainsi, en 1990, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie consacraient respectivement 3,2 %, 3 %, 1,8% et 5 % de leur PIB à la dépense militaire alors qu’en 2021, les chiffres sont de 1,95 % pour la France, 1,34 % pour l’Allemagne, 1,52 % pour l’Italie et 2,22 % pour le Royaume-Uni. Conséquence immédiate de ce choix européen, en 2009, les dépenses militaires en Asie dépassent celles de l’Europe. »

Rappelons, comme le fait Le Monde, que « l’objectif fixé par l’OTAN à ses membres de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense se concrétise peu à peu. Huit d’entre eux respectent ou dépassent le seuil (contre trois en 2014) ; et plusieurs l’atteindront dans les prochaines années ». 

À vrai dire, signale IRIS, « la course aux armements n’a jamais cessé et les dividendes de la paix, idée séduisante souvent développée au début des années 1990, à cette époque où l’on pensait encore que la Terre était plate et l’histoire achevée, n’a été qu’une illusion, au mieux une parenthèse dans l’évolution des dépenses militaires. »

En fait, il appert que « la course aux armements est le corolaire inévitable de la dépense militaire pour au moins trois raisons […] Une première est liée à la nature même de cette dépense et aux effets de levier qui la caractérisent […] Une deuxième est liée aux ambitions de puissance que traduit l’investissement dans la défense et aux fuites en avant qui en découlent […] Une troisième raison, enfin, est liée à la compétition stratégique. La dépense militaire sert à s’armer contre une menace identifiée et/ou à s’assurer une supériorité stratégique face à des adversaires. ».

Si on devait ne mentionner qu’un seul exemple d’innovations militaires, celui du B-21 Raider américain (voir la photo qui coiffe cet article) serait fort pertinent.

Dévoilé le 2 décembre dernier par son constructeur Northrop Grumman, ce bombardier stratégique, dont le coût unitaire pourrait avoisiner les 700 millions de dollars américains, « témoigne des avantages durables de l’Amérique en matière d’ingéniosité et d’innovation. Et c’est la preuve de l’engagement à long terme du Département à construire des capacités avancées qui renforceront la capacité de l’Amérique à dissuader l’agression, aujourd’hui et à l’avenir. Maintenant, le renforcement et le maintien de la dissuasion américaine sont au cœur de notre stratégie de défense nationale », a déclaré le secrétaire à la Défense Lloyd J. Austin III.

« Avec le B-21, l’US Air Force sera en mesure de dissuader ou de vaincre les menaces partout dans le monde », a déclaré Tom Jones, vice-président et président de Northrop Grumman Aeronautics Systems. Le B-21 illustre la façon dont Northrop Grumman est le leader de l’industrie en matière de transformation numérique et d’ingénierie numérique, offrant ainsi plus de valeur à nos clients. »

D’ici quelques mois, les statistiques d’investissements militaires en 2022 seront disponibles. Qui peut encore douter qu’elles seront à la baisse, compte tenu de la guerre en Ukraine, des menaces de la Chine sur Taïwan, du réarmement en Allemagne et au Japon, de la situation tendue en Arménie ?
https://fr.statista.com
https://www.sipri.org
https://www.iris-france.org
https://www.lemonde.fr
https://www.northropgrumman.com


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