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Les dépenses militaires mondiales

En augmentation presque partout sur le globe.

juin 13, 2022
par Pierre Deschamps


(Photo credit: SIPRI)

Le conflit en Ukraine nous rappelle brutalement que le recours à la force passe inexorablement par l’utilisation d’armes de toutes sortes. Souvent hyper sophistiquées, elles embarquent des technologiques avancées fort coûteuses. Mais celles-là ne doivent pas nous faire oublier que l’essentiellement des combats impliquent l’utilisation d’armes conventionnelles.

Comme le montrent les nouvelles données sur les dépenses militaires mondiales publiées récemment par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), les dépenses mondiales en armes ont dépassé les 2 000 milliards de dollars américains en 2021, soit une augmentation de 0,7 % en termes réels. À eux seuls, les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni et la Russie concentrent 62 % des dépenses militaires mondiales.

Même l’Allemagne si timide en matière d’engagement militaire s’y est mise, ayant bien compris que le retour de la guerre sur le sol européen impose de se préparer à toute éventualité. Il s’ensuit que le pays de Goethe et de Schiller a ainsi décidé tout récemment de consacrer 100 milliards d’euros (soit quelque 135 milliards de dollars canadiens) au cours des cinq prochaines années au réarmement de l’armée allemande. Ce qui devrait permettre à l’Allemagne d’atteindre l’objectif de l’Otan qui impose de consacrer 2 % de son PIB à la défense.

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Le Japon n’est pas en reste lui aussi, tant la menace potentielle d’un conflit sur la question l’annexion par la force de Taïwan à La République populaire de Chine crée bien des inquiétudes dans cette partie du globe. Pas étonnant alors que les dépenses militaires du Pays du Soleil levant aient augmenté de 7,3 %, pour atteindre 54,1 milliards de dollars en 2021, la plus forte augmentation annuelle depuis 1972. La même inquiétude a d’ailleurs poussé l’Australie a augmenté ses dépenses militaires de 4,0 % en 2021, pour atteindre 31,8 milliards de dollars.

« La présence de plus en plus affirmée de la Chine dans et à proximité des mers de Chine orientale et méridionale est devenue le principal facteur des dépenses militaires de pays comme l’Australie et le Japon, souligne Nan Tian, chercheur principal au SIPRI. On peut citer par exemple l’accord de sécurité trilatéral AUKUS entre l’Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis qui prévoit la fourniture de huit sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie pour un coût estimé à 128 milliards de dollars américains. »

Il n’est pas vain ici de rappeler qu’avec le deuxième budget militaire au monde, soit à hauteur d’environ 293 milliards de dollars, la Chine a augmenté en 2021 ses dépenses militaires une 27e année consécutive. Ce qui n’est pas rassurant pour ses voisins.

Au global, « en pleine pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont atteint des niveaux records, explique Dr Diego Lopes da Silva, chercheur principal au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI. En termes réels, il y a eu un ralentissement du taux de croissance en raison de l’inflation. Cependant, en valeurs nominales, les dépenses militaires ont augmenté de 6,1 % ».

Cela dit, les dépenses militaires américaines ont tout de même connu une légère baisse en 2021. En effet, elles s’élèvent « à 801 milliards de dollars en 2021, soit une baisse de 1,4 % par rapport à 2020. Le fardeau militaire américain a légèrement diminué, passant de 3,7 % du PIB en 2020 à 3,5 % en 2021 ».

Selon le SIPRI, les investissements des États-Unis dans la R-D militaire ont cru de « 24 % entre 2012 et 2021, tandis que celui consacré à l’achat d’armements a chuté de 6,4 % au cours de la même période. En 2021, les dépenses ont diminué pour ces deux lignes budgétaires. Toutefois, la baisse des dépenses de R-D (-1,2 %) a été inférieure à celle des dépenses pour l’achat d’armements (-5,4 %).

Comme le fait remarquer Alexandra Marksteiner, chercheuse au programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI : « L’augmentation des dépenses de R-D au cours de la décennie 2012-2021 laisse penser que les États-Unis mettent davantage l’accent sur les technologies de nouvelle génération. Le gouvernement américain a souligné à plusieurs reprises la nécessité de préserver l’avantage technologique de l’armée américaine sur ses concurrents stratégiques. »

Soulignons que tout récemment le Congrès américain a débloqué une somme gigantesque de 40 milliards de dollars américaine pour l’Ukraine, dont 6 milliards de dollars vont permettre à ce pays de s’équiper en véhicules blindés et de renforcer sa défense anti-aérienne.

Pour sa part, la Russie a augmenté ses dépenses militaires de 2,9 % en 2021, à 65,9 milliards de dollars, alors qu’elle renforçait ses forces le long de la frontière ukrainienne. Il s’agit de la troisième année consécutive d’augmentation et les dépenses militaires russes ont atteint 4,1 % du PIB en 2021.

Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme Dépenses militaires et Production d’armes du SIPRI, précise à ce sujet que : « Les revenus élevés du pétrole et du gaz ont aidé la Russie à accroître ses dépenses militaires en 2021. Les dépenses militaires russes avaient diminué entre 2016 et 2019 en raison des faibles prix de l’énergie combinés aux sanctions infligées en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 ».

Pour ce qui est de l’Ukraine, alors qu’elle consolidait ses défenses contre la Russie, elle a augmenté ses dépenses militaires de 72 % depuis l’annexion forcée de la Crimée par la Russie en 2014. Dans ce pays meurtri, les dépenses ont chuté en 2021, à 5,9 milliards de dollars, mais représentaient toujours 3,2 % du PIB du pays.

L’Inde, avec 76,6 milliards de dollars de dépenses militaires, se classe au troisième rang mondial. Une augmentation de 0,9 % par rapport à 2020 et de 33 % par rapport à 2012. Afin de renforcer l’industrie nationale de l’armement, 64 % des dépenses en capital du budget militaire 2021 ont été affectées à l’acquisition d’armes produites dans le pays.

Au Royaume-Uni, le gouvernement a annoncé en mai dernier son intention d’investir 265 millions de livres [soit quelque 420 millions de dollars canadiens] pour porter au standard « enhanced Block V » les missiles Tomahawk embarqués sur ses sous-marins nucléaires d’attaque de type Astute, une mise à niveau qui devrait prolonger leur durée de vie d’une quinzaine d’année, améliorer leur performance et augmenter leur portée à 1 600 km.

Avec la guerre en Ukraine qui se prolonge, tout laisse croire que les dépenses militaires vont continuer de croître en 2022, pour le plus grand bonheur – façon de parler – des industriels d’armes du globe.
https://sipri.org/
https://www.vie-publique.fr/
https://www.dw.com/
http://www.opex360.com/
https://www.20minutes.fr/


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