Génie de Conception

En Vedette
Une solution innovante : Le train autonome est sur les rails

juillet 9, 2024
par Pierre Deschamps


(Crédit photo : Rio Tinto)

Depuis « Arrivée d’un train gare de Joinville », un film français de Georges Méliès, sorti en 1896, le train est au cinéma plus qu’un simple élément de décor. C’est en fait un marqueur d’atmosphère ; il est même parfois le lieu même de l’intrigue. Citons pour mémoire « Le Train », un film réalisé par Pierre Granier-Deferre et cet autre de même nom, fruit de collaboration de John Frankenheimer, d’Arthur Penn et de Bernard Farrel. Le site Sens critique a d’ailleurs répertorié pas moins de 565 films dans lesquels le train occupe une place significative.

Cela dit, quiconque aurait pris un train à la gare Windsor à l’époque des trains à vapeur aurait entendu au départ d’un convoi l’inimitable « All abord ». Mais bientôt, si à cet appel les derniers passagers montent à bord, il en est un qui ne sera bientôt plus du nombre : le conducteur du train. Puisque nous voilà rendu à un moment charnière de l’histoire du rail, celui du train autonome.

Ainsi en est-il pour Alstom, un fournisseur majeur des réseaux ferroviaires de la planète, qui déclare que : « Le secteur ferroviaire a besoin de solutions innovantes pour relever les défis de l’urbanisation croissante, du changement climatique et d’autres éléments qui influent sur les transports publics. C’est pourquoi nous nous consacrons à l’automatisation de l’exploitation des trains ».

C’est ainsi que dans le portefeuille de produits d’Alstom, on trouve la version la plus aboutie de son offre de train autonome, le GoA 4 qui est un train sans surveillance « où le démarrage et l’arrêt, le fonctionnement des portes et la gestion des urgences sont entièrement automatisés sans personnel à bord. L’état de santé des trains sera surveillé de près à distance ».

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Alstom estime que la mobilité ferroviaire autonome (ou exploitation automatique des trains) est la voie de l’avenir, ce type de train procurant « une amélioration de l’exploitation et de la sécurité dans le secteur ferroviaire. Elle élimine les conjectures, les erreurs humaines et les variables des chemins de fer, les rendant plus efficaces, plus précis et plus fiables que jamais. Combinés à des systèmes tels que le contrôle automatique des trains, la protection automatique des trains et la supervision automatique des trains, ces systèmes permettent aux opérateurs d’en faire plus avec moins, en orchestrant leurs flottes et en les transformant en un réseau finement ajusté, plus performant, avec moins de gaspillage et de risques. »

Au-delà de l’intérêt que peut avoir un constructeur comme Alstom pour la mobilité ferroviaire autonome, on peut observer que d’autres initiatives sont déjà en cours. Par exemple, le projet français ECOTRAIN « vise à redonner vie ou à dynamiser les petites lignes ferroviaires aujourd’hui abandonnées ou menacées : son matériel léger et les options envisagées pour sa maintenance autorisent une réduction très importante des coûts d’exploitation comme de remise en circulation alors que son caractère autonome permet de proposer une offre fondée sur une fréquence de circulation accrue et des trajets à la demande pour un coût marginal quasi nul ».

AutoHaul, le premier train autonome au monde a été développé par Hitachi Rail pour l’entreprise minière Rio Tinto. Ce train achemine, sans personnel à bord, les tonnes de minerais extraits des mines australiennes jusqu’aux ports maritimes, pour leur expédition partout à travers le monde.

C’est le 14 juin 2019 que Rio Tinto a fait rouler le premier chemin de fer lourd automatisé au monde sur son réseau de 1 500 km dans la région de Pilbara, en Australie occidentale. Chaque convoi peut compter deux à trois locomotives qui peuvent tracter jusqu’à 240 wagons qui transportent près de 28 000 tonnes de minerai de fer pour un trajet moyen de 800 km.

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Comme le rapporte le site IRJ (International Railway Journal) « Rio Tinto affirme qu’AutoHaul a déjà contribué à augmenter les vitesses moyennes de 5 à 6 %, et l’entreprise est optimiste quant à la possibilité de poursuivre cette amélioration. La suppression des deux à trois changements d’équipe de conducteur a également réduit d’une heure le trajet moyen, tandis que la variation du temps de parcours entre les services AutoHaul n’est que de 15 à 30 secondes, contre 2,5 à 5 minutes auparavant. Cela aide l’opérateur à planifier des horaires de train plus efficaces, à réduire les goulots d’étranglement et à augmenter la productivité ».

Mais tout comme la voiture autonome, le train autonome peut connaître des ratés. Selon ce que rapportait ABC News, le 13 mai dernier, un train autonome opéré par Rio Tinto a heurté un ensemble de wagons à l’arrêt, endommageant 22 wagons et trois locomotives.

Toujours selon ABC News, il s’agirait « du deuxième déraillement de Rio Tinto à Pilbara cette année et du troisième au cours des 12 derniers mois ». En février dernier, un train autonome vide a quitté les voies, alors qu’en juin 2023, un train sans conducteur a déraillé, endommageant 30 wagons et 700 mètres de voie.

Pour tout connaître sur les différents aspects de l’économie du train autonome et son avenir, Expleo, un acteur mondial de l’ingénierie, de la technologie et du conseil, a  récemment publié une étude sur le train autonome intitulée « Understanding the Futur of the Autonomous Train » qui entre autres aspects « identifie les tendances et les stratégies essentielles à sa mise en œuvre ».

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Par ailleurs, le site Voie libre a récemment publié un dossier fort complet sur « Le projets de train autonome » qui présente les différents niveaux d’automatisation des trains ainsi que les projets qui leur sont associés en Allemagne et en France, notamment.

www.alstom.com/fr
ecotrain.wp.imt.fr
www.hitachirail.com
www.riotinto.com/en
expleo.com/global/fr/
voie-libre.com


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