Génie de Conception

Automatisation Nouvelles
Un robot humain, trop humain

janvier 12, 2018
par Pierre Deschamps



Conçu par une équipe du JSK Lab, du département de mécano-informatique de l’université de Tokyo, Kengoro est un robot biomimétique [c’est-à-dire qui s’inspire des formes, matières, propriétés, processus et fonctions du vivant] parmi les plus perfectionnés au monde.

 

Ce robot, dont l’anatomie est très proche de celle de l’homme, a pour vocation d’en mieux comprendre le fonctionnement. Déjà, il est capable d’effectuer à la quasi perfection les mouvements d’un humain en situation d’activité physique.

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Kengoro, dont le squelette est en aluminium, mesure 1,70 mètre, pèse environ 56 kg et est composé de pas moins de 108 moteurs. Ce qui lui confère des propriétés motrices qui lui permettent de réaliser des exercices, notamment des push-up, des abdominaux, des étirements et des tractions, le tout calqué en tous points sur ceux des humains. Qui plus est, les efforts « physiques » qu’il déploie le ferait, lui aussi, transpirer. 

 

À cette fin, les chercheurs JSK Lab ont mis au point un système sophistiqué de refroidissement inspiré de la sudation humaine qui n’est basé ni sur la ventilation ou sur des radiateurs. En fait, pour refroidir les 108 moteurs de Kengoro qui produisent comme de bien entendu de la chaleur, il a fallu que les chercheurs du JSK Lab fassent en sorte que les parties métalliques de cet humanoïde suinte de l’eau et puisse l’évaporer à l’air libre. 

 

Pour y arriver, ceux-ci ont eu recours à une technique d’impression 3D par frittage laser sélectif pour fabriquer un squelette en aluminium capable de « transpirer », précise le journaliste Marc Zaffagni, du site Futura Tech. Plus précisément, en faisant varier la densité du laser, ils ont réussi à influer sur la perméabilité du métal afin de créer des structures proches de celle d’une éponge, susceptibles de laisser passer de l’eau. 

 

En fait, indique Arnaud Devillard, du magazine Sciences et Avenir, son « niveau de porosité varie en fonction des couches de métal, pour éviter que le robot ne dégouline en permanence. Le matériau devient de plus en plus poreux à l’approche de la surface. Arrivée-là, l’eau peut s’évaporer. L’équivalent d’une tasse d’eau déminéralisée suffit pour faire fonctionner le procédé pendant une demi-journée ».

 

Fait quelque peu étonnant, Kengoro est également équipé d’un « faux cerveau », révèle Victor Garcia, journaliste Sciences et technologies à l’hebdomadaire français L’Express,. Plus précisément, il s’agit d’un processeur et d’un algorithme « lui permettant d’utiliser des données déjà apprises pour agir sans que l’on lui ait dit explicitement quoi faire ». 

 

De plus, la présence d’un système squelettique musculaire, composé de tendons et d’articulations artificiels, lui permet de se dresser sur la pointe des pieds. Mais ce n’est pas tout puisque, comme l’indique l’Association américaine pour l’avancement des sciences (AAAS), « il est aussi équipé d’un système nerveux sensoriel basé sur des détecteurs permettant de surveiller son équilibre et sa stabilité ».

 

Au dire de ses concepteurs, Kengoro pourra un jour prochain servir non seulement  à améliorer l’entraînement des sportifs, mais pourra aussi être utilisé en médecine pour mettre au point des prothèses de qualité supérieure ou, dans le domaine de la sécurité automobile, pour fabriquer des mannequins top niveau destinés à mieux comprendre les chocs subis lors de crash tests.

http://www.jsk.t.u-tokyo.ac.jp/


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