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Un monde sans travail

août 31, 2018
par GC Staff



Selon les experts en intelligence artificielle, les machines pourront un jour capables remplacer les humains dans toutes les tâches. Mais quel futur se dessinera alors ? Dans une récente édition du Journal du CNRS, la rédactrice en chef adjointe Charline Zeitoun signe un article qui présente les « Six scénarios d’un monde sans travail » imaginés par l’économiste Gilles Saint-Paul. 

 

Premier scénario : l’État-Providence. Le fruit du travail des machines est redistribué à la population par l’État qui taxe les propriétaires de robots. Seul problème : « des usines sans main-d’œuvre humaine seraient très facilement délocalisables  », fait remarquer l’économiste.  Taxer les propriétaires de robots ne serait donc pas si simple qu’il n’y paraît.

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Deuxième scénario : La société des rentiers. Certains citoyens épargnent sur leurs revenus providentiels et lèguent à leurs enfants un patrimoine. De nouvelles dynasties de rentiers émergent. Plus leur nombre est élevé, plus la croissance est forte, car le patrimoine hérité devient une nouvelle source d’épargne. Toutefois, si une classe de rentiers, détenteurs de capital et opposés à la redistribution, atteint une masse critique, le système de l’État-providence disparaît peu à peu faute de soutien politique. À terme, la société se divise en deux grandes castes : d’un côté les rentiers modérément aisés et de l’autre un sous-prolétariat voué à l’indigence qui, faute d’héritage et de revenus suffisants accordés par l’État, ne pourra plus faire en sorte que ses descendants deviennent un jour rentiers. 

Troisième scénario : Le fordisme nouvelle génération. Afin de s’assurer une base de consommateurs et une certaine paix sociale, les entreprises maintiennent des emplois humains, peu utiles, mais bien payés. « Dans mon scénario néo-fordien, les gens ont des revenus élevés pour des emplois purement formels au sein d’une hiérarchie prétendument productive. Ils font des présentations Powerpoint accessoires et de longues réunions oiseuses… », imagine Gilles Saint-Paul.

Quatrième scénario : L’Empire romain contre-attaque. Comme le résume Charline Zeitoun, pour éviter de payer de fortes taxes au sein d’un éventuel État-providence, la poignée de très riches propriétaires de robots met en place son propre système redistributif fondé sur le clientélisme. Ils transfèrent quelques subsides au peuple en échange de leur appui politique. Cette redistribution ne passe ni par l’État ni par l’entreprise. « La société serait alors une variante de celle de l’Empire romain où les robots jouent le rôle des esclaves. La masse de prolétaires, elle, devient une sorte de plèbe sans travail ou dont le travail ne rapporte pas assez. Enfin, l’oligarchie capitaliste, comme les grandes familles patriciennes de l’Antiquité, s’assure les faveurs de la plèbe en lui offrant “du pain et des jeux” », signale Gilles Saint-Paul.

Cinquième scénario : Guerres, famines, épidémies.  Les salaires tombent sous le niveau de subsistance et la population mondiale diminue rapidement. Seuls les propriétaires de robots survivent. Ce scénario est un retour au schéma malthusien. Selon celui-ci, la croissance à long terme ne permet pas d’augmenter le niveau de vie car, dès que les salaires dépassent le niveau de subsistance, la natalité remonte et la répartition des richesses entre plus de bouches à nourrir, vêtir et distraire, annule toute forme d’accumulation. 

Sixième scénario : Bienvenue dans la Matrice. L’automatisation pressurise certes les salaires, mais le salaire de subsistance lui aussi baisse : grâce aux nouvelles technologies, l’augmentation de la productivité agricole pourrait en effet assurer l’alimentation d’un grand nombre d’êtres humains à un coût faible. Et pour ce qui est du « superflu », la virtualisation de l’existence permet de sacrées économies. « On peut vivre dans un appartement au mobilier luxueux avec des tableaux de maîtres au mur, alors qu’il ne s’agit que d’images holographiques », explique Gilles Saint-Paul. Et passer nos vacances en réalité virtuelle, sous la chaleur d’un brasero, bercé par la brise d’un ventilateur premier prix ? On a hâte…, conclut Charline Zeitoun.
https://lejournal.cnrs.fr/

 


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