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Réticences, mythes et promesses

août 2, 2019
par Pierre Deschamps



Peu à peu, l’intelligence artificielle (IA) s’est immiscée dans des domaines tant scientifiques que technologiques, au point d’être devenue une quasi-banalité. Bien qu’elle soit à l’œuvre dans un nombre toujours plus grand de secteurs d’activités, elle suscite toujours un certain niveau de méfiance, comme le souligne Georges Anidjar, vice-président, Europe de l’Ouest et du Sud, de Pega, une entreprise informatique américaine spécialisée dans les applications de gestion de la relation client et de gestion des processus métiers. 

 

« Tout comme le commerce en ligne il y a quelques années, l’intelligence artificielle suscite aujourd’hui un scepticisme et une crainte à peu près similaires. Il est vrai que la science-fiction n’a pas aidé à donner une très bonne image de l’IA », soutient-il.

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C’est donc pour mieux comprendre les raisons de la méfiance entourant l’IA que Pega a consulté près de 5 000 personnes disséminées un peu partout sur le globe. Le but étant de mieux comprendre la perception des gens face à l’IA, entre autres en matière d’expérience client.

Les résultats sont assez éloquents : si, plus de 70 % des personnes interrogées ont déclaré ne pas être à l’aise avec les entreprises qui utilisent l’IA dans leurs interactions, 60 % affirmaient ne pas être convaincues du potentiel de l’IA à améliorer le service client, alors qu’un tiers d’entre elles ont déclaré craindre de perdre leur emploi à cause de l’IA.

Pour lever cette résistance, Georges Anidjar propose que les entreprises qui recourent à l’IA s’assurent que les systèmes d’IA fonctionnent « de pair avec les employés pour garantir des prises de décisions éthiques. Les entreprises étant nombreuses à se tourner vers l’IA pour améliorer l’expérience client, il est important qu’elles comprennent les perceptions, les préoccupations, les préférences et les limites des clients tout en intégrant des considérations éthiques dans les systèmes d’apprentissage automatique. Ainsi, les décisions de l’IA apparaîtront empathiques ».

Dans un article publié récemment dans Les Échos, Cheryl Wiebe, directrice de la pratique de l’intelligence industrielle chez Teradata, un éditeur de solutions informatiques spécialisées d’applications analytiques, soutient que : « S’il est vrai que l’IA a fait de belles avancées dans certains domaines comme dans les chatbots [agents conversationnels], la reconnaissance visuelle ou encore la fraude bancaire, il y a encore de nombreuses idées reçues quant au potentiel de l’IA en matière d’application industrielle ». Une affirmation qui la conduit à énumérer cinq mythes entourant l’IA : nourrir l’IA de données suffit à générer de l’intelligence ; l’intelligence artificielle permet de sauter des étapes ; l’intelligence artificielle pourra remplacer les travailleurs en imitant l’intelligence humaine ; l’intelligence artificielle est capable d’expliquer les raisons d’un événement ; l’intelligence artificielle est capable de prédire l’avenir. 

Sur ce dernier point, une récente percée de DeepMind, une filiale de Google, qui a mis au point un programme d’IA capable de détecter l’apparition d’une lésion rénale aiguë 48 heures en amont, laisse penser que l’IA est bien « capable de prédire l’avenir », dans certaines situations. 

Selon Deep Mind, « l’intelligence artificielle peut désormais prédire l’une des principales causes de préjudice évitable chez un patient jusqu’à deux jours avant que cela se produise. En collaboration avec des experts du département américain des anciens combattants (VA), nous avons développé une technologie qui pourrait, à l’avenir, donner aux médecins une avance de 48 heures sur le traitement des lésions rénales aiguës (AKI). Ces résultats viennent s’ajouter à l’évaluation des services de Streams, notre assistant mobile pour cliniciens, évaluée par les pairs, qui montre que l’utilisation d’outils numériques permet d’améliorer les soins des patients et de réduire les coûts des soins de santé. Ensemble, ils forment la base d’une avancée transformatrice en médecine, en aidant à passer de modèles de soins réactifs à des modèles de soins préventifs ». 

Par ailleurs, un premier vaccin contre la grippe, créé par une intelligence artificielle, vient d’être élaboré par une équipe de l’université de Flinders, en Australie. Le vaccin s’est révélé très efficace sur les tests réalisés sur des animaux, et va être testé sur les humains aux États-Unis pendant un an.

En outre, même les militaires y trouvent leur compte. En effet, comme le rapportait fin juillet The Verge, un site américain qui traite de l’actualité technologique, de l’information et des médias : « Depuis le mois d’octobre 2010, les services secrets américains développent un système d’intelligence artificielle militaire, dans le cadre d’un programme ultrasecret baptisé « Sentient ». Les documents confidentiels récemment publiés décrivent le programme du National Reconnaissance Office [NRO] comme un système de renseignement intelligent, capable de coordonner des positions satellites et d’être utilisé pour gérer des opérations lors de combats ».
https://www.pega.com
https://www.teradata.com/
https://deepmind.com/

 

 


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