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Portrait du monde à venir

Celui des énergies propres

février 12, 2023
par Pierre Deschamps


(Crédit photo : IEA)

Le monde de l’énergie est à l’aube d’une nouvelle ère industrielle – l’ère de la fabrication de technologies énergétiques propres. Mais comme le souligne le plus récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sur le sujet, si cela « crée de nouveaux marchés majeurs et des millions d’emplois, cela soulève également de nouveaux risques, incitant les pays du monde entier à élaborer des stratégies industrielles pour assurer leur place dans la nouvelle économie énergétique mondiale ».

Comme le note d’ailleurs ce rapport intitulé « Energy Technology Perspectives 2023 », le déploiement des technologies d’énergie propre s’accélère rapidement. Dans ce contexte, il est donc requis d’agir rapidement si l’on veut atteindre les objectifs climatiques inscrits dans le scénario de zéro émission nette d’ici 2050 (NZE – Net Zero Emission).

Quelques chiffres suffisent à nous en convaincre : la production mondiale de voitures électriques sera multipliée par six d’ici 2030 ; les énergies renouvelables représenteront à terme plus de 60 % de la production d’électricité (contre 30 % aujourd’hui) ; la demande d’électricité augmentera de 25 %, représentant près de 30 % de la consommation finale totale (contre 20 % aujourd’hui).

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L’analyse présentée dans le rapport se penche tout d’abord de l’état actuel de la transition mondiale vers une énergie propre et décrit l’ampleur des changements nécessaires à la chaîne d’approvisionnement en énergie et en technologies propres, avec pour objectif de mettre le monde sur la voie de la neutralité carbone.

À cette fin, les auteurs se penchent sur le fonctionnement actuel des principales chaînes d’approvisionnement en énergie propre et en technologies propres et leurs vulnérabilités à mesure que les transitions vers l’énergie propre progressent, cela « en mettant l’accent sur le lien entre la concentration géographique et la sécurité, la résilience aux chocs du marché et la performance environnementale ».

Dans le cadre de cette étude, les auteurs ont procédé à un exercice de quantification des besoins mondiaux en minéraux et en matériaux pour la transition vers des émissions nettes nulles et à une analyse visant à déterminer si les plans d’expansion actuels sont compatibles avec le but visé par cette transformation énergétique. À quoi s’ajoute la prise en compte des « facteurs politiques et de marché qui stimulent les investissements dans les régions clés et les principales stratégies d’entreprise à cette étape de la chaîne d’approvisionnement ».

Dans le contexte dans lequel s’inscrivent les perspectives mises de l’avant dans le rapport, il s’est avéré tout à fait conséquent d’examiner les potentiels besoins « d’approvisionnement en technologies d’énergie propre fabriquées en série et à grande échelle adaptées, en mettant l’accent sur l’expansion de la capacité de fabrication et d’installation en fonction de l’activité de construction actuelle et annoncée ».

Le rapport souligne à juste titre que la transition vers l’énergie propre dépend des chaînes d’approvisionnement des technologies d’énergie propre. À ce titre, il appert que « 1,2 billion de dollars américains d’investissements cumulés seraient nécessaires pour obtenir une capacité suffisante pour que les chaînes d’approvisionnement étudiées soient sur la bonne voie pour atteindre les objectifs du scénario NZE pour 2030.

Or, « les investissements annoncés couvrent seulement 60 % de ce total. Compte tenu des délais d’exécution des projets, la plupart des investissements seront nécessaires au cours de la période 2023-2025, à raison d’une moyenne de 270 milliards de dollars américains par an au cours de cette période, soit près de sept fois le taux moyen d’investissement sur la période 2016-2021 ».

Il est dès lors tout à fait logique que le rapport s’intéresse conséquemment au rythme avec lequel « les infrastructures énergétiques et de CO2 doivent être transformées pour soutenir de manière rentable les chaînes d’approvisionnement en énergie propre qui seront nécessaires pour des émissions nettes nulles, en mettant l’accent sur le transport, la distribution et le stockage de l’électricité, de l’hydrogène et du CO2 ».

L’analyse est complétée par un diagnostic sur la capacité des décideurs à « soutenir le développement et l’expansion de chaînes d’approvisionnement sûres, résilientes et durables, les outils à leur disposition et la meilleure façon de les utiliser, en s’appuyant sur l’expérience récente dans le monde ».

Soulignons que l’analyse montre que « le marché mondial des principales technologies énergétiques propres fabriquées en série représentera environ 650 milliards de dollars par an d’ici 2030 – plus de trois fois le niveau actuel – si les pays du monde entier mettent pleinement en œuvre leurs engagements annoncés en matière d’énergie et de climat ».

Les défis sont nombreux, les investissements gigantesques. À juste titre, les auteurs du rapport soutiennent que ceux « spécifiques liés aux minéraux critiques nécessaires à de nombreuses technologies d’énergie propre, pointant du doigt les longs délais de développement de nouvelles mines et la nécessité de normes environnementales, sociales et de gouvernance solides » constituent des obstacles de taille qu’il faut dès à présent s’ingénier à surmonter. À cela s’ajoutent certains obstacles de taille : la répartition géographique inégale des ressources minérales critiques, la nécessité d’une collaboration internationale et de partenariats stratégiques pour assurer la sécurité de l’approvisionnement.

Si l’horizon vers un monde de type NZE s’annonce envisageable, la route sera longue et les freins si nombreux qu’il faudra une volonté supra nationale pour y parvenir. Mais l’enjeu en vaut la chandelle !
https://www.iea.org


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