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La percée de l’éolien en mer

Une source d’énergie en progression constante .

avril 6, 2023
par Pierre Deschamps


(Crédit photo : Iberdrola)

Plusieurs raisons peuvent expliquer le récent engouement pour l’éolien en mer. L’une d’elles, et non des moindres, est le fait que les sites en question sont souvent loin des regards, mais aussi assez proches de zones habitées. Ce qui réduit les impacts visuels et les nuisances de proximité. Cela dit, il ne faut pas ignorer le fait que l’éolien terrestre n’a pas bonne presse partout.

Par exemple, les vingt-deux éoliennes d’Artigues et d’Ollières, proches de la montagne Sainte-Victoire, à Aix-en-Provence (France) en place depuis 2020 feraient toujours l’objet d’un recours judiciaire visant à interdire leur exploitation en bonne et due forme. À ce titre, « l’autorisation d’exploitation a été annulée en février 2020 par le tribunal administratif de Toulon, puis en mars 2021 par la cour administrative d’appel de Marseille », a récemment rappelé l’hebdomadaire français Le Point.

Il n’en reste pas moins que selon l’étude que l’Agence internationale de l’énergie (AIE), lancée il y a maintenant trois ans, les meilleurs sites éoliens offshore proches de la côte à l’échelle mondiale pourraient fournir près de 36 000 TWh d’électricité par an

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Au dire de l’American Geosciences Institute (AGI) ,« les vitesses du vent en mer ont tendance à être plus rapides qu’à terre. De petites augmentations de la vitesse du vent engendrent de fortes augmentations de la production d’énergie : une turbine dans un vent de 15 mi/h peut générer deux fois plus d’énergie qu’une turbine dans un vent de 12 mi/h. Des vitesses éoliennes plus rapides en mer signifient que beaucoup plus d’énergie peut être produite. »

Au nombre des inconvénients toutefois, l’AGI souligne que : « Les parcs éoliens en mer peuvent être coûteux et difficiles à construire et à entretenir. ». Il s’avèrerait aussi complexe d’installer des éoliennes dans des sites où la profondeur excéderait 60 mètres. Néanmoins, le recours à des éoliennes flottantes permettrait de contourner cet obstacle. Il ne faut pas non plus négliger le fait que l’action des vagues et des vents de fortes puissances peuvent être cause de bris de toutes sortes. Plus récemment, la hausse importance des câbles sous-marins est venue par ailleurs modifier le coût d’un projet en mer.

Selon, Equinor, une société énergétique internationale dont le siège social est en Norvège et qui emploie 22 000 employés dans 30 pays, « l’éolien offshore a déjà une forte position en Europe avec une capacité installée de près de 18,5 GW et un potentiel mondial pour atteindre plus de 100 GW d’ici 2030. À cette date, on estime que l’éolien offshore flottant représentera 10 % du marché, alimentant potentiellement 12 millions de foyers.

Comme le souligne le World Economic Forum, « les leaders mondiaux de l’éolien offshore tels que la Chine, l’Allemagne et le Royaume-Uni se sont engagés en faveur d’une forte croissance. La Chine prévoit d’ajouter en moyenne 2,8 GW d’énergie éolienne en mer chaque année au cours des trois prochaines années ».

En outre, en septembre dernier le président Biden a lancé une initiative en matière d’éolien en mer qui vise à réduire les coûts des technologies flottantes de plus de 70 % d’ici 2035 et à augmenter la capacité à 15 GW d’ici 2035.

L’engouement pour l’éolien en mer vient en outre de prendre une nouvelle dimension avec une récente annonce de la société espagnole Iberdrola. En effet, tout juste en mars, cet énergéticien a conclu une entente destinée à « soutenir le développement de projets d’énergie renouvelable à grande échelle et à tirer parti de la technologie de “cloud computing” pour améliorer la numérisation dans la transition énergétique ».

En vertu de cette entente, « deux des parcs éoliens offshore d’Iberdrola en Allemagne (Baltic Eagle et Windanker) fourniront à Amazon 1,1 TWh d’énergie propre chaque année, ce qui équivaut aux besoins annuels en électricité de plus de 314 000 foyers européens.

Baltic Eagle est situé dans la mer Baltique, au nord de l’île de Rügen et aura une capacité totale de 476 mégawatts (MW) lorsqu’il sera achevé en 2024. Windanker, également situé dans la mer Baltique, aura une capacité installée de 300 MW et sera achevé en 2026. Les projets font partie du Baltic Hub d’Iberdrola, qui aura une capacité totale de 1 100 MW, ce qui en ferait l’un des plus grands parcs éoliennes offshore de la région.

Au nombre des principaux opérateurs d’éolien en mer, mentionnons Ørsted qui construit et exploite des parcs éoliens offshore au Danemark, au Royaume-Uni, en Allemagne, aux Pays-Bas, à Taïwan et aux États-Unis. Cette entreprise danoise a en outre pour ambition « d’avoir installé 30 GW de capacité éolienne offshore d’ici 2030 ».

Précisons que Ørsted opère au large du Royaume-Uni le projet Hornsea 2, considéré pour l’instant comme le plus grand parc éolienne offshore au monde. Entré en production complète fin août 2022, ce projet aurait à plein rendement un potentiel de 1,3 GW.

Le mois dernier, GE Renewable Energy a choisi Eastgate Engineering, une société britannique, pour fournir des activités mécaniques et électriques pour le pré-assemblage des tours et des nacelles pour ses turbines Haliade-X qui seront utilisées au parc éolien de Dogger Bank, situé dans la mer du Nord, au large de l’Angleterre.

Les travaux ont commencé en janvier 2023 et devraient se poursuivre tout au long des trois phases du pré-assemblage du parc éolien, qui devrait se terminer en 2026.  Dogger Bank A et B auront une capacité de production combinée de 2,4 GW, alors que Dogger Bank C aura une capacité de génération installée de 1,2 GW. Au total, Dogger Bank comptera 277 des éoliennes offshore Haliade-X de GE.

On peut donc observer l’éolien en mer a un bel avenir devant lui, d’autant plus que les grands industriels du secteur des hydrocarbures, comme Total, s’y intéressent de plus en plus.

TotalEnergies et Corio Generation, deux des principaux développeurs mondiaux d’éolien offshore et d’énergies renouvelables, ont annoncé la création d’une joint-venture pour développer les parcs éoliens Formosa 3 au large de Taïwan. Cette annonce intervient alors que le Bureau de l’énergie de Taïwan a confirmé fin décembre 2022 que le parc éolien Haiding 2 de Formosa 3 s’était vu attribuer 600 MW de capacité réseau après la première phase du troisième cycle d’enchères de Taïwan.
https://www.americangeosciences.org
https://www.iea.org
https://www.equinor.com
https://www.weforum.org
https://www.iberdrola.com/home
https://orsted.com/en
https://totalenergies.com/fr


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