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La clé du développement de l’endurance des muscles du dos

juin 4, 2010
By  Dan Comand


Christian Larivière est biomécanicien et chercheur à l’IRSST. Ses travaux ont pour principal objet la réadaptation des personnes aux prises avec une lombalgie. Comment mesurer objectivement les déficiences lombaires ? Quels sont les programmes d’exercices les plus efficaces ? Quels mécanismes sous-jacents ces programmes mettent-ils en action ? Le scientifique parle de sa plus récente étude, où il évaluait divers exercices pour le dos.

Durant ses études postdoctorales, M. Larivière s’est engagé dans un projet qui s’intéressait  à l’évaluation de certaines déficiences musculaires, soit la faiblesse et la fatigabilité des muscles du dos, qui sont parfois en cause chez les patients souffrant d’une lombalgie chronique. J’ai cherché comment évaluer la fatigue  
au moyen de l’électromyographie de surface.

L’électromyographie de surface, ou EMG, est une technique qui permet de mesurer, par des électrodes posées sur la peau, l’activité électrique produite par la contraction des muscles. Elle est très intéressante pour quantifier l’apparition de la fatigue musculaire parce qu’elle détecte sa progression avant même que les muscles ne présentent une baisse de force. Alors, ça permet une évaluation purement objective, indépendante de la motivation des participants, expliquait-il dans une entrevue publié sur le site de l’IRSST.

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Au moment d’entreprendre l’étude, l’état de la recherche en réadaptation suggérait, sans le démontrer toutefois, qu’une bonne endurance musculaire avait un effet protecteur pour  le dos. Toutefois, pour vérifier cette hypothèse, il faudrait faire suivre à un groupe de sujets lombalgiques un entraînement développant spécifiquement l’endurance des muscles du dos, pour ensuite déterminer si les membres du groupe des « entraînés » ont moins de rechutes de maux de dos que ceux d’un groupe témoin. Étant donné qu’une  telle recherche longitudinale implique des coûts et des efforts importants, il était d’abord nécessaire de s’assurer que les conditions étaient gagnantes.

Avant de pouvoir évaluer les effets  cliniques d’un programme d’exercices,  il restait donc des étapes à franchir. D’abord, trouver un outil capable d’évaluer correctement la fatigue musculaire et de caractériser objectivement l’endurance. C’est ce qu’il a fait dans ses  études postdoctorales et dans le premier volet de l’étude. Ensuite, il fallait établir précisément quels exercices optimisent le développement de l’endurance des muscles du dos, ce que M. Larivière et Rubens A. Da Silva Jr., son partenaire étudiant au doctorat, aussi boursier de
l’IRSST ont réussi dans les deuxième et troisième volets.

« Nous avons choisi des exercices qui se font à l’aide d’appareils, parce qu’ils demandent des contractions musculaires supérieures à 40 % de la force maximale de la personne. Ils permettent de fatiguer les muscles et de développer de l’endurance avec un nombre raisonnable de répétitions. Les exercices proposés ici ne concernent pas les gens qui en sont aux premiers stades de la réadaptation, notamment lorsque les incapacités sont élevées. Ces gens doivent souvent commencer par des exercices au sol comportant des efforts faibles à modérés et n’incluant pas de mouvements de la colonne vertébrale, de manière à vaincre leurs peurs par rapport aux exercices impliquant la colonne vertébrale et afin d’initier progressivement l’entraînement musculaire. Notre étude s’adresse plutôt aux personnes plus avancées dans le processus, c’est-à-dire qui sont en bon contrôle de leur douleur et qui n’ont pas peur de se blesser durant l’exercice », mentionne-t-il. « Nous avons procédé à une étude expérimentale au cours de laquelle des personnes sans problème de dos et d’autres souffrant de lombalgie ont exécuté diverses modalités d’exercices sur une chaise romaine, où le poids du tronc représente la charge à soulever, et avec un appareil de musculation traditionnel, où une charge externe est appliquée par un système de poulies.  

Au préalable, nous avions installé des électrodes d’EMG sur la peau des participants afin de mesurer le niveau d’activation (volet 2) et de fatigue (volet 3) des muscles extenseurs de la hanche (fessiers, ischio-jambiers) et les muscles  du dos. En mesurant ces paramètres avec l’EMG, nous voulions déterminer quel appareil, quelle position corporelle  et quel type de soutien du bassin, par exemple, permettent de mieux solliciter, et ainsi de mieux fatiguer, les muscles visés, c’est-à-dire ceux du dos, par rapport à d’autres groupes musculaires, comme les extenseurs de la hanche ».  

En effet, il faut savoir que si l’on veut  créer des changements physiologiques
favorables au développement de l’endurance des muscles du dos, il est  important que l’entraînement soit spécifique à ces muscles.

Les résultats obtenus  sont favorables aux exercices

« Il est recommandé de s’exercer ainsi, selon les modalités d’utilisation les plus favorables pour entraîner les muscles du dos avec chacun des deux appareils évalués. Ces modalités s’appliquent à des appareils qui existent déjà sur le marché. Le plus efficace des deux exercices, et notre première recommandation, est celui qui s’exécute sur un appareil de musculation traditionnel, mais en s’assurant que les jambes soient allongées vers l’avant (position semi-assise) et que le bassin soit appuyé sur un petit dossier afin d’en limiter le mouvement.

Tous les gens qui ont un mal de dos, sans que cela ne les empêchent cependant de poursuivre leur travail ou qui ne participent pas à un programme de réadapta-
tion, peuvent faire ces exercices en guise de prévention. Bien que cet effet protecteur reste à démontrer, je recommande fortement ces exercices, qui ne peuvent être que bénéfiques.


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