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Automatisation Nouvelles
Doit-on s’inquiéter de voir les machines remplacer le travail humain ?

octobre 6, 2017
par Pierre Deschamps



Dans une communication datant de 2015, le milliardaire Bill Gates affirmait être « de ceux qui s’inquiètent de la super-intelligence. Dans un premier temps, les machines accompliront de nombreuses tâches à notre place et ne seront pas super-intelligentes. Cela devrait être positif si nous gérons ça bien. Plusieurs décennies plus tard cependant, l’intelligence sera suffisamment puissante pour poser des problèmes… je ne comprends pas pourquoi les gens ne sont pas inquiets ».

À l’instar du fondateur de Microsoft, une entreprise sans l’essor de laquelle notre environnement ne serait sans doute pas aussi informatisé qu’il l’est aujourd’hui, nombreux sont les tenants de la nouvelle économie qui prophétisent la fin du travail humain au profit de robots et de machines de toutes sortes.

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« Cette peur de l’automatisation est aussi ancienne que cette dernière. C’est la peur de l’évolution, du progrès », souligne l’économiste Vladimir Vodarevski, qui publie régulièrement des articles sur le site contrepoints.org. Il rappelle d’ailleurs que « nous vivons depuis la révolution industrielle une automatisation de l’économie, et cela nous a permis la croissance et l’emploi, ainsi qu’un niveau de vie tel que nos ancêtres ne pouvaient l’imaginer ».

Au nombre des oiseaux de malheur, il a plus que tout autre Carl Frey et Michael Osborne, deux chercheurs de l’université d’Oxford qui, dans une étude publiée en 2013, soutenaient qu’à l’horizon 2034, environ 47 % des emplois aux États-Unis seront automatisés. Citons aussi Jim Yong Kim, le directeur de la Banque mondiale, selon qui les deux tiers des emplois pourraient bientôt disparaître à cause de l’automatisation des tâches. Même la vénérable chaîne britannique BBC s’y est mise en mettant en ligne sur son site Web un outil qui permet à chacun d’entre nous de connaître la probabilité de voir son emploi disparaître à terme.

Pour se convaincre que l’automatisation et autres semblables ne menacent pas l’humanité toute entière, la lecture du plus récent ouvrage de l’essayiste français Nicolas Bouzou est vivement recommandée.

Dans Le travail est l’avenir de l’homme (éditions de L’Observatoire, 208 pages), Nicolas Bouzou postulent que : « Travailler est le propre de la condition humaine et c’est pourquoi le travail évolue avec nous, participe de notre Histoire avec un grand H.

Nous seuls travaillons et fabriquons des objets, des robots, des ordinateurs, de l’intelligence artificielle, qui vont nous accompagner dans notre tâche de bâtisseurs. Ce capital modifie en retour notre façon de travailler, mais la machine ne s’impose pas à nous : nous rétroagissons avec elle. C’est ce qui explique que le travail se transforme au fil du temps ».

À vrai dire affirme l’auteur de cet essai, « l’Histoire nous montre que la grande majorité des emplois ne sont que partiellement automatisables. À ce titre, plusieurs travaux sont venus nuancer les conclusions de Frey et Osborne.

Ainsi, une étude du McKinsey Global Institute portant sur 46 pays et représentant 80 % de la force de travail mondiale a trouvé que moins de 5 % des emplois étaient susceptibles d’être entièrement automatisés et qu’environ 60 % comprenaient 30 % de tâches automatisables. »

Au demeurant, l’automatisation favorise l’activité. Ainsi « le mécanisme économique à l’œuvre est le suivant : l’automatisation de certaines tâches entraîne des gains de productivité qui permettent de baisser les prix, par exemple des vêtements.

Dans le cas, le plus habituel, où la demande est « élastique au prix » (c’est-à-dire que la baisse des prix entraîne une augmentation de la demande), la technologie permet d’attirer de nouveaux consommateurs et l’activité se développe, ce qui génère l’ouverture de nouvelles usines, de nouveaux magasins ».

La lecture de l’ouvrage de Nicolas Bouzou s’avère être en fait des plus vivifiant, car comme il l’affirme sans ambages, « le raisonnement qui précède peut sembler théorique. Mais je fais appel à la raison de mes lecteurs, pas à leurs passions tristes.

Les approximations sur le déclin, les impressions d’effondrement, c’est ailleurs qu’il faudra aller les chercher ! Ici, on rassemble des données, on réfléchit et on travaille pour penser l’avenir ». De quoi donner l’envie de se mettre au travail sans plus tarder ! Allez, au boulot !

http://editions-observatoire.com/


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