Main dans la main pour contrer la crise manufacturière
Le
3 novembre dernier, la CMC (Coalition canadienne des manufacturiers)
urgeait le premier ministre d’agir pour combattre la crise
manufacturière. En effet, on a réuni 22 associations du domaine de la
fabrication du Canada pour écrire une lettre au Premier ministre
Stephen Harper concernant la situation, en espérant que Poste Canada en
fasse bonne livraison et que M. Harper en fasse bonne lecture.
Parmi
les secteurs qui y sont représentés, notons l’industrie de
l’automobile, l’aérospatial, le secteur minier, l’exploitation
forestière et les produits de consommation au détail.
Voici
ce qu’avait à dire le porte-parole, Jayson Myers, chef économiste de la
Fabrication et de l’Exportation canadienne. « Les manufacturiers d’un
bout à l’autre du Canada font face à des défis sans précédents
aujourd’hui, et si l’on ne leur vient pas en aide pour qu’ils
continuent d’avoir la capacité de faire rouler leurs usines, notre
économie sera sur la corde raide. »
Voici la lettre :
Monsieur le Premier Ministre,
Nous
vous écrivons au nom de millions de Canadiennes et Canadiens dont les
emplois dépendent directement et indirectement de la pérennité d’un
secteur manufacturier compétitif et d’entreprises à valeur ajoutée au
Canada pour que votre gouvernement comprenne la situation critique dans
laquelle se trouvent ces entreprises. Les industries et les employés
que nous représentons sont les plus compétitifs et les plus innovateurs
de ce pays. Ils créent une richesse réelle et durable pour les
Canadiennes et Canadiens et contribuent à la prospérité de nombreuses
industries de services. Aujourd’hui, toutefois, suite à l’aggravation
de la crise mondiale du crédit et de l’économie, leur avenir est en
péril.
Vous
avez clairement dit que l’économie constituerait la plus grande
priorité de votre gouvernement. Elle doit également figurer au sommet
des préoccupations des parlementaires de tous les partis. En cette
période de volatilité financière sans précédent, votre leadership
s’impose de façon impérative dans la définition et l’orientation de
politiques économiques claires et sans incertitude au Canada.
Nous
vous prions de réagir rapidement et stratégiquement aux défis
économiques actuels sur trois fronts essentiels : Premièrement,
atténuer les problèmes immédiats de liquidités en faisant en sorte que
l’offre de crédit se poursuive au bénéfice des consommateurs et des
entreprises du Canada. Sans initiative visant les problèmes actuels de
liquidités, d’autres mesures économiques et initiatives politiques
deviendront inutiles si les entreprises ferment leurs portes.
La
crise mondiale du crédit a des effets négatifs immédiats sur
l’industrie canadienne compte tenu du resserrement du crédit et le
repli aigu des dépenses des consommateurs et des entreprises. Des
entreprises viables et hautement compétitives sont menacées alors que
leurs inventaires s’accroissent, que leurs investissements sont
reportés et leurs carnets de commandes se vident ou s’annulent. Les
clients recherchent la stabilité et luttent pour pouvoir trouver le
crédit qui leur est nécessaire. Les fournisseurs et distributeurs
subissent également de fortes tensions financières.
Nous
sommes convaincus que les ventes rebondiront dès que les conditions du
marché mondial du crédit s’amélioreront et que les marchés financiers
se seront stabilisés. Mais entretemps, les entreprises canadiennes ont
besoin d’acquérir du crédit additionnel pour pourvoir poursuivre leur
exploitation et éviter les mises à pied massives ainsi que les
fermetures.
Votre
gouvernement doit agir rapidement pour s’assurer que le financement
reste disponible et à la disposition d’entreprises tout à fait
solvables. Le ministre des Finances et la Banque du Canada ont pris des
mesures importantes et positives pour servir de crédit de sûreté aux
banques du Canada et pour assurer les liquidités dans nos marchés du
crédit. Mais celui-ci reste toujours hors de portée pour bon nombre de
nos entreprises.
Nous
prions instamment votre gouvernement de mettre en place des garanties
temporaires pour des prêts et lignes de crédit de manière que notre
système financier fonctionne pour les entreprises dignes de crédit mais
qui subissent la possibilité de repli aigu de la demande. En réaction à
la volatilité des marchés, la Banque de développement du Canada et
Exportation et développement Canada devraient également devenir plus
proactives dans l’offre de crédit et de soutien financier.
Votre
deuxième objectif devrait viser à contrer la tendance vers la récession
en faisant des investissements qui renforceront la capacité
concurrentielle du Canada et contribueront à atténuer le ralentissement
économique imminent. Les investissements publics devraient cibler
l’amélioration de l’infrastructure essentielle des transports, des
frontières, des communications et de l’énergie. Le soutien du
gouvernement à l’innovation devrait cibler les projets que les
entreprises canadiennes peuvent commercialiser.
Votre
gouvernement devrait favoriser l’investissement des entreprises dans
les nouvelles technologies, l’innovation et les compétences. Ce sont là
les actifs producteurs de richesse de l’économie du 21e siècle. Ce sont
les investissements dont nous aurons besoin pour édifier et pérenniser
des industries à valeur ajoutée plus concurrentielles au Canada. Plus
précisément, nous incitons votre gouvernement à : • Allonger à au
moins cinq années additionnelles la période de l’amortissement de deux
ans sur les investissements en machinerie de fabrication et de
transformation adopté dans le budget de 2007, cela donnerait
suffisamment de temps aux entreprises pour acquérir les technologies et
leur installation;
• Transformer les crédits d’impôt pour la recherche scientifique et le
développement expérimental en crédits remboursables et adopter des
mesures immédiates pour l’amélioration de la gestion du système du
crédit d’impôt pour la RS-DE suite à l’engagement pris dans le budget
2008; et,
• Adopter un crédit d’impôt-formation à l’intention des employeurs.
Comme
vous le savez, ces mesures ont été unanimement soutenues par les
Comités permanents de l’industrie, des sciences et de la technologie et
des Finances lors du dernier parlement.
Votre
troisième objectif devrait cibler la mise en œuvre de mesures efficaces
qui amélioreront la capacité concurrentielle à long terme de l’économie
canadienne. La crise économique actuelle souligne l’importance et
l’urgence de l’adoption de telles mesures. Il est essentiel pour le
Canada de ne pas agir de façon unilatérale. Alors que les gouvernements
d’autres pays envisagent d’aider leurs économies et institutions, il
est essentiel de veiller à ce que les changements à nos politiques et à
notre contexte de réglementation ne désavantagent pas les entreprises
canadiennes qui appartiennent à des secteurs hautement concurrentiels
sur les marchés mondiaux.
Ainsi,
nous exhortons votre gouvernement à œuvrer à la définition de cadres
réglementaires qui favorisent l’innovation et la compétitivité, de
simplifier et rationaliser la conformité à la réglementation, et de
veiller à ce que les nouveaux règlements soient très bien étudiés pour
s’assurer de l’impact réel qu’ils auront sur notre compétitivité
internationale. Nous vous demandons de vous assurer que les objectifs
des mesures politiques de la directive du Cabinet sur la
Rationalisation de la réglementation soient réalisés.
Votre
gouvernement doit faire preuve de vigilance pour s’assurer que les
marchés mondiaux restent ouverts aux exportateurs canadiens.
Parallèlement, les règles commerciales actuelles du Canada doivent être
strictement appliquées pour enrayer les pratiques commerciales qui
causent des distorsions des marchés au profit des producteurs étrangers
qui cherchent à atténuer les pressions économiques qu’ils subissent en
exportant de façon déloyale vers nos marchés.
Monsieur
le Premier ministre, nous partageons la vision d’une économie
canadienne plus forte, plus compétitive qui émergerait de la crise
actuelle du crédit. Votre gouvernement doit assumer un rôle de premier
plan dans l’établissement d’un cadre qui permette aux industries à
valeur ajoutée de se réorganiser, d’investir en innovation et de tirer
avantage de nouvelles possibilités commerciales.
La
crise financière actuelle exige que vous lui consacriez votre attention
immédiate. Nous croyons que les mesures que nous avons énoncées
constituent des premiers pas nécessaires qui assureront la force de
notre économie, de bons emplois et un avenir prospère pour les
Canadiennes et Canadiens.
Veuillez agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos salutations les plus respectueuses.
Et ce fut signé par 26 présidents d’associations des manufacturiers canadiens.
Todd Phillips
Rédacteur délégué
tphillips@clbmedia.ca
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